25/01/2012
Le capuchon du moine d'Ellis Peters
Situation dramatique n°1 : partir en week-end, emporter un unique bouquin (en plus du précédent quasi fini) et découvrir malgré un acharnement de plusieurs dizaines de pages que ce dernier ne plait pas du tout.
Mesure d'urgence : courir les bouquinistes du quai St Michel qui, Dieu merci, sont ouverts le dimanche, et chopper un poche au gré de l'improvisation, sans le feuilleter, en se disant "on va bien voir, ça peut pas être pire que l'autre"
Le capuchon du moine d'Ellis Peters, 10/18, 1989, 288p.
Cadfael, moine bénédictin d'origine galloise, occupe au sein de son abbaye les fonctions d'herboriste - les plantes et leurs pouvoirs n'ont aucun secret pour lui. Pourtant, on retrouve bientôt l'honorable maître Bonal, récemment installé à proximité de l'abbaye après avoir cédé son manoir à l'ordre bénédiction, tué par une des potions de Cadfael contenant de l'aconit, autrement appelé "capuchon du moine". Qui a bien pu détourner ainsi frauduleusement une lotion sensée soulager les douleurs articulaires pour la lui faire ingérer dans son repas? Sur ce point, Cadfael entend bien tout clarifier malgré les soupçons qui pèsent immédiatement et trop facilement sur le beau-fils de la victime.
Le concept de polar médiéval, voilà qui a interpelé ma curiosité. Comment donc mettre en scène au XIIe siècle les ficelles d'un genre qui apparait plutôt anachronique ? Non parce que, mener une enquête, interroger des témoins, chercher des indices... Au Moyen-Âge ? Voilà qui était un pari plutôt osé de la part de l'auteur, surtout quand il s'agit de faire mener l'enquête par un moine - les moines, comme chacun sait, étaient très libres de leurs mouvements et n'avaient rien d'autres à glander de leurs journées à cette époque. De fait, c'est d'une totale invraisemblance mais cela se laisse lire avec plaisir néanmoins. Après tout, la vraisemblance n'est pas l'enjeu majeure de la littérature. Les personnages sont agréables et bien croqués, le décor de l'abbaye pose une atmosphère originale. Je regrette quand même la faiblesse de l'intrigue. La quatrième de couverture annonçait un meurtre parfait qu'il allait être ardu de démêler. Bon, ben, non. Le coupable saute aux yeux assez rapidement, il y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. C'est un bon livre de gare à lire pendant un trajet en train et puis voilà.
09:00 Publié dans Polar | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : meurtre, moine, fiole, herboristerie, abbaye, bénédictins, angleterre, pays de galles, poison, aconit, capuchon du moine
08/01/2012
Le croque-mort a la vie dure de Tim Cockey
(Oui, je pique pleins d'idées de lecture chez Manu en ce moment, j'avoue tout)
Le croque-mort a la vie dure de Tim Cockey, ed. Points, 2009, 402p.
Hitchcock Sewell a la trentaine bien sonnée et dirige une entreprise de pompes funèbres avec sa tante. En dehors des enterrements qui rythment joyeusement sa vie, il fait du théâtre amateur, remet le couvert à l'occasion avec son ex-femme nymphomane et farfelue, promène son chien et tombe par hasard sur une inconnue voulant organiser ses propres funérailles. Jusque là, rien que la normale. Sauf lorsqu'arrive sur sa table une belle endormie répondant au même nom que l'inconnue mais sans être elle. La question est, qui était-elle donc? Hitch va le savoir, pas tellement de suspens là-dessus, et ça va l'embarquer dans un embrouillamini chevaleresque et politique.
Le croque-mort a la vie dure est un polar rafraîchissant, pince-sans-rire, à l'humour continuel, bien choisi - clairement télévisuel : je suis d'accord avec toi, Manu, on aimerait en voir une adaptation version HBO! L'enquête est bien menée et se savoure avec plaisir même si elle ne fait pas montre d'une folle originalité. Je lui ferais même le petit reproche de connaître un démarrage trop long et une fin qui se déroule étonnamment trop vite mais ça encore, ça rend quelque chose de très télévisuel. Pour moi, l'intérêt réside essentiellements dans les personnages truculents, aux personnalités vives et bien marquées. Ce sont eux qui donnent envie de poursuivre la série. Et puis, ce cher croque-mort. On imagine ces professionnels comme d'austères dépressifs vieillis avant l'âge et voilà qu'on se trouve un fringant beau gars (spéciale dédicace) théâtreux, galant et buveur de bière. Les croque-morts en deviendraient presque craquants dis donc !
La suite au prochain numéro.
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09:04 Publié dans Polar | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : croque-mort, polar, enquête
19/12/2011
Némésis d'Agatha Christie
Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais j'avais été fort déçue de ma récente lecture du Noël d'Hercule Poirot (hop, un petit lien ni vu ni connu je t'embrouille au cas où) qui m'avait laissé l'étrange impression que l'oeuvre originale n'était pas à la hauteur de son adaptation télévisuelle. Il n'était pourtant pas question que j'en reste là parce que, dans mon souvenir, Agatha Christie, c'est quand même la fête du slip à pois violets.
Décidée, donc, à retrouver cette saveur inimitable de l'écrivain, je suis allée fureter du côté de la médiathèque pour m'apercevoir qu'elle a écrit une Némésis! Ceux qui me connaissent* sauront pourquoi cela m'a fait rire et pourquoi, inévitablement, je suis repartie avec pour me pencher sur ce bouquin.
Némésis d'Agatha Christie, 1971
Et là, paf, Némésis m'a remis les idées en place : effectivement, Agatha Christie, c'est fantastique. J'étais juste mal tombée précédemment avec un moins bon opus (ça arrive, quand on est si prolifique ; on lui pardonne donc).
Ici, l'auteur joue autant avec la curiosité de son lecteur qu'avec celle de son héroïne, puisque Miss Marple se trouve plongée dans une affaire dont elle ne connaît de prime abord strictement rien.
Après le décès d'un certain Mr Rafiel qu'elle avait connu dans une affaire précédente (Le Major parlait trop), celui-ci lui "lègue" par courrier le soin d'enquêter sur un crime. Lequel, datant de quand, commis présumément par qui ? Telles sont les questions. Commence alors un tatônnement au petit bonheur la chance qu'une mise en oeuvre savante du défunt va progressivement orienté au cours d'un mystérieux voyage en car... Et l'on découvre en même temps qu'elle de quoi il s'agit, ce qui se trame et qui est le coupable.
Tout bonnement savoureux ce petit jeu enigmatique! Les amateurs de l'auteur retrouveront à plaisir la sagacité de Miss Marple maquillée sous de faux airs de vieille chouette et cet univers presque hors du temps, so british et so kitschounet, fort heureusement peu entâché par les seventies (bien que nous ayons la mention de cette satanée mode des minis jupes). Je ne me la rappelais pas ainsi mais sur ses vieilles années, Agatha Christie est quand même sacrément réac! Ainsi, elle y va l'air de rien de ses réflexions sur les femmes qui se mettent à travailler et sur la libération sexuelle, cause de la dépravation des jeunes filles et de cette recrudescence de viols qu'elles ont sûrement bien cherchés! Ahhhh Agatha, je t'aime réac, ça fait partie de son charme de vieille chouette (car tu en es une aussi) mais tout de même, n'allons pas trop loin !
Et deux choses peu communes qui méritent d'être notées dans l'écriture d'Agatha Christie : Un meurtre passionnel original et un espoir en le rachat de la nature humain. Mais je n'en dis pas plus, je ne voudrais pas spoiler ! Tout simplement amusant. Autant vous dire que j'ai passé une fort bonne après-midi, vicée à mon livre, mon thé et mon canapé! Je t'aime, Miss Marple!
Challenge Agatha Christie
2
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*Pour les autres, voici le fantastique petit specimen ratounesque dont je suis la maîtresse, qui porte le nom de Némésis et qui est, à elle seule, la représentante de cet esprit chafouin et amusant que j'aime tant chez cette race d'animaux. (Oui, j'ai pleins de rats chez moi, I'm such a grande malade)
09:00 Publié dans Polar | Lien permanent | Commentaires (6)