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06/09/2012

Just Kids de Patti Smith

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Just Kids de Patti Smith, ed. Folio, 2012, 374p.

 

C'est d'abord l'histoire de deux gosses largués dans New York, sans le sou mais avec la foi. Patti Smith débarque à Brooklyn en juillet 1967 avec pour seul bagage un amour mystique pour Rimbaud et de quoi écrire. Elle n'a pas d'argent et aucun plan en poche : C'est donc la galère qu'elle cotoie les premières semaines de son trip. Au hasard d'un rendez-vous raté, elle croise un berger psychédélique, boucles au vent et peau de mouton : Robert Mappelthorpe. Dès lors, ils ne se quitteront plus.
D'apparts miteux passionnément investis par leurs univers, à l'hôtel de Chelsea, jusqu'a un loft élégant une fois le succès venu, c'est une relation étonnante, étroite et profonde qui va les unir jusqu'à ce que le sida emporte Robert en 1989. Tout d'abord charnel, leur amour va se muer progressivement en une lumière pure et inspiratrice. Ils avaient un pacte tacite : rester toujours ensemble jusqu'à gagner suffisamment de force pour s'envoler. C'est ce qu'ils ont fait, avec une liberté intérieure qui n'a fait que décupler le magnétisme et la sincérité profonde de leur union.

C'est aussi leur parcours initiatique sur le chemin tortueux de la création. Si leurs talents respectifs ne fait plus doute aujourd'hui, la décennie des seventies a sacrément commencé dans la boue, obligés qu'ils étaient de compter le moindre centime pour manger. Malgré tout, ils ont chacun développer une intense création avec ce qu'ils avaient sous la main. En ces périodes de pauvreté, leur imagination s'accommodait de matériaux modestes ou incongrus sans rechigner. Le tout était de créer. De ne pas perdre ce travail de l'être qui leur donnait envie de vivre. On découvre d'ailleurs avec plaisir que le médium qui les a rendu célèbres - la musique pour elle, la photo pour lui - n'a pas toujours été une évidence. Ils s'adonnaient plus volontiers, qui à la poésie et au dessin, qui aux collages, aux installations/performances et à la confection de colliers abracadabrants.

Et puis, bien sûr, c'est le journal d'une époque : Le New York éraillé, électrique, profondément libre du rock'n'roll où se croisent Janis Joplin, Jimi Hendrix ou Andy Warhol. Point de clivages entre artistes reconnus et artistes en devenir. Tout le monde se cotoie dans des lieux cultes, des bars où l'on peut consommer en l'échange d'une toile, dans des studios d'enregistrement. Patti Smith enregistrera d'ailleurs Horses en 1975 à l'Electric Lady, non sans saluer Jimi Hendrix au micro avant de débuter Gloria.

Bref, c'est tout ça en même temps et en quelques mots, une quête d'art et d'absolu, avec l'oeil pétillant, un charisme d'enfer et une poésie à couper le souffle.

 

 

*

 

"Robert n'avait guère de patience pour mes accès d'introspection. Il ne semblait jamais mettre en doute son énergie créatrice et, à son exemple, j'ai compris que la seule chose qui comptait, c'était l'oeuvre : le chapelet de mots propulsés par Dieu qui devient poème, l'entrelacs de couleurs et de traits de graphite tracés hâtivement sur la feuille qui glorifie Son geste. Réaliser au sein de l'oeuvre un équilibre parfait entre la foi et l'éxecution. De cet état d'esprit vient une lumière, chargée de vie."

 

 

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03/09/2012

Martin Eden de Jack London

 

Voyez-vous, j'étais un peu basique : lorsqu'on me parlait de Jack London, je pensais à Croc-Blanc et à L'appel de la forêt, lectures de collège dont je n'ai, par ailleurs, aucun souvenir, et ça s'arrêtait là. Je savais vaguement que son oeuvre allait au-delà mais associé à tort dans mon esprit à un écrivain d'histoires canines pour la jeunesse, je n'ai jamais poussé plus loin.

Et vous savez quoi ? En finissant ce Martin Eden, j'ai fort envie de me fesser le cul avec un poireau en guise de punition et surtout, de lire un autre Jack London ! Parce que, ce livre, chers lecteurs, est tout simplement un chef d'oeuvre magistral !

 

 

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Martin Eden de Jack London, ed. Phébus, coll. Libretto, 438p.

 

Aux prémisces du XXeme, le jeune matelot Eden est invité à la table bourgeoise des Morses. Gauche et subjugué, il y fait l'expérience de la honte de sa classe ; y rencontre le luxe, la beauté, la poésie et évidemment, l'amour en la personne de Ruth, de quatre ans son aînée, diaphane à souhait et étudiante en Lettres.
Cet épisode réveille en Martin une ambition fulgurante : apprendre, élever son esprit, briller et gagner le coeur de sa belle.
Dès lors, il s'astreint à un emploi du temps sévère et monacal où se succèdent études, exercices et visites à l'être aimé. Il décide de devenir écrivain et ne ménage pas ses efforts, tant physiques que financiers, malgré l'incompréhension générale de son entourage. Ruth surtout, et sa famille, ne sauraient tolérer un gendre aussi "oisif" et aussi "original" dans ses parti-pris.
Et tandis que, persévérant malgré la faim et la douleur, il parvient enfin au succès, c'est le gouffre de la désillusion qui attend Martin. L'amour s'effrite pour mettre à jour l'opportunisme, la superficialité et la stupidité engoncée des valeurs bourgeoises. Car ce n'est pas tant la teneur des êtres qui intéressent le monde, mais bien plutôt la reconnaissance qu'ils inspirent. Ainsi donc, toutes ses aspirations ne sont plus rien, n'ont jamais rien été, si ce n'est de la poudre aux yeux - et il sombre progressivement.

Le sujet de ce roman, comme vous l'aurez compris à la lecture du résumé ci-avant, est vieux comme le monde : articuler la sagesse de l'amour et l'amour de la sagesse, brosser le portrait d'un ambitieux de basse extraction pour atteindre les sommets de la connaissance et en chuter aussitôt. On aura lu ça chez bien d'autres écrivains du siècle passé (comment ne pas penser à Balzac par exemple) et pourtant, le traitement de Jack London en révèle des éclats nouveaux, brillants, ironiques, d'une infinie pertinence.
Martin Eden est un roman total : à la fois roman d'amour, d'apprentissage, satire de la société bourgeoise, mise en abyme de la création littéraire, et roman philosophique puissant et désenchanté, il est non seulement d'une intelligence stylistique époustouflante mais également moteur d'une série de réflexions universelles autour de l'individualisme, de la pensée unique, et de l'écriture.
En outre, et cela ne gâche rien, il se lit d'une traite, avidement et avec délice.

Après un été de lectures en demi-teintes, soit un brin décevantes soit un brin ennuyeuses, ce Martin Eden m'a redonné un coup de fouet littéraire tout simplement magique !


Merci à ma Lolo pour ce merveilleux conseil de lecture que je ne saurais trop vous conseiller à mon tour avec un vif enthousiasme !

 

 

 

Classique-final-4.jpgChallenge "un classique par mois"

Septembre 2012

12/08/2012

Happy Birthday !

Très chers amis littéraires,

Comme vous pouvez le constater, je suis toujours par monts et par vaux et pas tellement sur mon blog ces derniers temps ! Comme dirait l'autre : ça s'appelle les vacances !
Divers déplacements, la préparation de mes cours et d'un déménagement et l'envie tout simplement de paresser à loisir m'éloignent un brin de mes contrées bloguesques mais rassurez-vous, ce n'est que temporaire : je reviens en forme et pleines de passionnantes lectures début septembre !


Cela dit, je ne pouvais m'empêcher de passer aujourd'hui pour fêter l'anniversaire de cet univers que j'affectionne tant !

 

Mon blog a un an !

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A cette occasion, j'offre un livre à qui retrouve en premier l'auteur de cette lettre facétieuse : (Je l'ai évidemment citée et chroniqué l'ouvrage par ici ^^)

"Chère Lisa, 

Il a été porté à notre  connaissance l'exposition publique de votre postérieur à chaque passage devant votre casier. Que cette exhibition soit inconsciente, motivée par une recherche de courant d'air, ou par un désir de faire carrière dans l'industrie pornographique, elle doit cesser.

Vos camarades se trouvent forcés d'apercevoir vos dessous discutables et cette distraction n'a rien de plaisant. S'il est possible que vous preniez du plaisir à dévoiler votre string au reste du monde, le reste du monde n'a pas forcément envie de le voir.

Aussi nous vous prions instamment , Lisa, de rentrer le sparadrap qui vous sert de culotte et les fesses qu'il ne dissimule pas dans votre jean trop serré, et de nous épargner la nausée qu'il nous inspirent. 

Bien à vous,

La ligue de défense des strings maltraités."


En un autre livre cadeau pour retrouver cet extrait-là :


"Soudain son ton redevint amer :

 

- C'est le côté déprimant de ces endroits, de ces pensions de famille dirigées par des gens bien nés, ruinés : elles sont pleines de ratés, de gens qui n'ont jamais rien réussi et ne réussiront jamais rien, qui ont été vaincus et brisés par la vie, de gens vieux, fatigués, finis.

Sa voix s'éteignit. Une profonde tristesse m'envahit. C'était tellement juste ! Nous étions tous là des gens au crépuscule de la vie : têtes grises, coeur gris, rêves gris. Moi-même, j'étais triste et solitaire, et la femme qui me côtoyait, amère et désillusionnée. Le Dr Franklin, plein d'ardeur et d'ambition, était contrecarré, avait les ailes coupées. Sa femme était la proie de la maladie. Le paisible petit Norton boitillait à la recherche d'oiseaux."



J'attends vos réponses en commentaires !

En attendant, bon courage à tous et toutes, mazel tov à mon petit commerce de prose et rendez-vous dans quelques semaines avec les feuilles d'automne !