11/05/2018
Avis de lecture commune !
Vu l'enthousiasme suscité par nos récentes chroniques d'Aragon avec Nathalie et, surtout, vu l'envie que ça a eu l'air de vous donner de (re)plonger dans ses œuvres romanesques, nous vous proposons de nous rejoindre pour de nouvelles aventures aragonaises le 15 septembre prochain. Vous choisissez le titre que vous voulez : la découverte de l'étendue de l'oeuvre d'Aragon n'en sera que plus savoureuse !
A bientôt !
Henri Matisse, Portrait de Louis Aragon, 1942
18:19 Publié dans Lecture commune, Littérature française et francophone | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : lecture commune, louis aragon, roman, 15 septembre
10/05/2018
Un printemps à Edimbourg, part. I : Promenons-nous avec Harry
Voilà déjà un mois que j'ai regagné mes pénates. N'empêche qu'Edimbourg continue à me trotter dans la tête. Il faut dire que cette ville-là a quelque chose de magique :
Mettre le pied dans le centre historique d'Edimbourg, ce qu'on appelle la Old Town, c'est tout bonnement débarquer dans le chemin de traverse - J.K. Rowling ne risquait pas de nous enfumer sur sa source d'inspiration. Tout n'est que vieilles pierres, devantures colorées absolument british et brouillard. Parce que oui, au risque de vexer certains écossais, le brouillard, ici, n'est pas une légende : on peut y aller à la machette (tu m'étonnes que certains y voient des monstres !).
Commençons d'ailleurs en sa compagnie, tout en haut du Royal Mile, cette fameuse enfilade de rues qui descend jusqu'à Holyrood Palace (Édimbourg est fort vallonné. Toi qui pénètres en ces lieux, munis-toi de chaussures confortables et prépare-toi à te faire le cuissot pour l'été) et qui s'affuble de ce joli surnom car il est l'itinéraire officiel du souverain britannique lorsqu'il visite la capitale écossaise. Tout en haut de ce Royal Mile, donc, le fameux château d'Edimbourg. LE château-fort par excellence, sorte de Tardis médiéval que l'on n'a fait que deviner, dans un premier temps - Merci, Brouillard (je ne retouche pas la photo : il faut que tu voies ça de tes propres yeux).
Oublie toute idée de visiter ici une demeure royale toute de pièces richement décorées (je te montrerai cela en un autre lieu). Il s'agit du château-fort par excellence, disais-je, et extraordinairement bien conservé - fouler du pied la basse et la haute-cour ; admirer la vue imprenable sur la ville que percent de leur visée quelques canons : quelle expérience insolite et grisante. Ainsi, le maître mot de cette bâtisse impressionnante, c'est la guerre.
(oui, la photo est moche ; c'est raccord avec le temps. Il fallait quand même que tu vois le château qui se cache sous la brume)
Pour immerger le visiteur dans cette optique belliqueuse, tout ce qui a été aménagé dans l'enceinte des remparts que voilà s'y rapporte : le musée écossais de la guerre - où l'on découvre avec un petit sourire en coin la délicieuse propension britannique à ne parler QUE de ses plus éclatantes victoires, faut quand même pas déconner, et où l'on admire de fort belles pièces d'armement -, les prisons de guerre - où l'on pourra constater la sacrée évolution dans les conditions de détention militaire entre le XVIIIème et l'époque victorienne (on passe du bouge collectif insalubre à l'eau courante dans des cellules individuelles. C'est pas Byzance mais c'est mieux que rien), le mémorial de guerre, la sainte-chapelle, le trésor de la couronne écossaise - avec la fameuse pierre du destin restituée dernièrement - et la salle d'armes qui donne envie de se mettre à l'escrime avant d'aller ripailler quelques cuisses de poulet bien grasses.
D'ailleurs, en sortant de ce voyage historique, il faisait faim de fort belle manière. Non loin du château, se trouve une étonnante rue/terrasse qui surplombe Victoria Street peuplée de divers restaurants. Nous avons échoué dans l'un deux, dont la devanture a su nous allécher et l'intérieur, en pierres apparentes et lumières feutrées, nous convaincre. Quand je pars en voyage, j'aime bien jouer les touristes culinaires, aussi. Crapahuter et visiter, c'est bien. Se remplir la panse ensuite, c'est encore mieux. Or, à Edimbourg - tu me vois venir -, je ne pouvais pas ne pas goûter le haggis - même si, bon, tout à fait entre nous, ça ne m'emballait pas follement de prime abord. Mais peu importe, je me sentais l'âme d'une aventurière (ça m'arrive une fois toutes les années bissextiles et c'était ce jour-là). Maxies - puisque c'est le nom du resto - propose une revisite de pas mal de plats typiques écossais à la sauce contemporaine. Chez eux, exit la panse de brebis, du coup. Seule est servie la farce du haggis surmontée d'une purée de pomme de terre et de navet. Ça rappelle un peu le hachis parmentier ; c'est absolument délicieux. Les desserts ne sont pas en reste - et mieux vaut avoir encore faim pour les attaquer. On a validé sans restriction un gâteau chocolat/caramel de folie et un dessert typiquement écossais dont j'ai oublié le nom à base de crème, de framboise et de whisky, of course. On ne s'est pas privé d'arroser tout ça de bière, of course aussi. J'ai pu découvrir, à cette occasion, que si les bières anglaises tiennent plus de l'urine que d'autre chose, les bières écossaises sont racées et délicieusement goûtues. Un carton plein !
Pour digérer, rien de tel que de descendre Victoria Street (tu te rappelles qu'on était juste au dessus), petite rue charmante qui tournicote jusqu'à Grassmarket (où tu pourras pousser la porte d'un charmant petit magasin de fossiles et pierres semi-précieuses, Mr wood's fossils). Victoria Street est réputée pour avoir inspiré le chemin de traverse (pour de vrai, cette fois-ci, ce n'est pas juste une impression), alors forcément, s'y trouve la plus grosse concentration de magasins Harry Potter de la ville et visiblement, à Édimbourg, on ne déconne pas avec ça. Certains magasins, dont le Museum Context, font de leurs boutiques de véritables reconstitutions de l'univers de la saga. C'est assez impressionnant. C'est assez magique surtout. Et ça remplit pleinement son office de te donner envie de craquer instantanément le PIB du Burkina Faso.
Nous avons poursuivi ainsi jusqu'au Greyfriars Cemetery qui respire l'époque victorienne à plein nez. De nombreuses visites sont proposées, parfois même la nuit, pour déambuler en écoutant des histoires de fantômes ou aider les visiteurs à repérer les fameuses tombes sur lesquelles J.K. Rowling a piqué quelques noms pour ses romans - il paraît qu'on peut ainsi croiser le professeur McGonagall. On a préféré se balader par nous-mêmes, à l'impro. Le lieu dégage une atmosphère tellement propice à l'imagination que mieux vaut se raconter sa propre histoire.
En plus, en sortant, tu pourras tomber sur Greyfriars Bobby : la superstition veut que lui toucher le museau porte chance. On est tombé dessus un vendredi 13, c'était doublement banco.
Juste en face, se trouve le Musée National d'Ecosse. Il renferme une collection extrêmement diversifiée qui va de l'histoire naturelle aux arts déco en passant par toute l'histoire de l'Ecosse. Nous n'avions pas prévu de le faire mais le temps écossais bien pourri en a décidé autrement (le brouillard tout seul, passe encore, mais quand il s'associe à la pluie continue, rien ne va plus, faites vos jeux. Dans ces cas-là, le musée est ton ami) et on n'a pas été déçu. C'est dans cette même rue (George quelque chose, perpendiculaire au Royal Mile, tu retrouveras facilement), qu'on a déniché fortuitement (si, si, je t'assure) The Elephant House, le café dans lequel J.K. Rowling... Bref, tu connais la suite. Pris par l'élan du hasard, on a envisagé brièvement la possibilité d'aller y prendre un thé jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que c'était pété de touristes et que l'intérieur n'avait rien de spécialement attrayant. Du coup, on a passé notre chemin et achevé, par la même occasion, notre promenade de Potterhead (mais pas que) dans Édimbourg. Fort heureusement, cette merveilleuse ville a encore bien d'autres délices à offrir... que je garde pour plus tard...
To be continued.
PS : en cadeau bonus avant de te laisser filer, le meilleur frontispice de bibliothèque du monde. Que la lumière soit !
10:42 Publié dans Cuisine, Divers, Histoire, Voyages | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : voyage, edimbourg, vacances, écosse, harry potter, old town, vieille ville, royal mile, château fort, château d'edimbourg, maxies, restaurant, haggis, bière, victoria street, magasin, boutique, fossiles, pierres, grassmarket, cimetière, greyfriars, tombe, brume, brouillard, musée, greyfriars bobby, the elephant house, tea room, frontispice, bibliothèque
07/05/2018
Rendez-vous poétique avec Charles Baudelaire et Alfons Mucha
En ce moment, je suis plongée dans Salammbô de Flaubert et c'est tout simplement merveilleux. Dans ce roman, je découvre Flaubert poète des sens, du luxe et de l'exotisme, ce que ne m'avaient pas laissé présager ses autres œuvres. Salammbô est une invitation au voyage. Tout y est poétique, ardent et impeccable (les mauvaises langues diront grandiloquent et invraisemblable mais elles sont faites pour être ignorées).
C'est exactement le roman qu'aurait pu écrire Baudelaire s'il s'était adonné à ce genre littéraire. A défaut, "La chevelure", dans Les fleurs du mal, fait particulièrement écho à cette beauté surannée et cette sensualité exigeante, un poil décadente, de Salammbô. Je ne résiste pas à l'envie d'en faire le rendez-vous poétique de ce joli mois de mai. Après tout, un poème de Baudelaire, c'est toujours une bonne idée.
La Chevelure
Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !
La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.
J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :
Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.
Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !
Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.
Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
Alfons Mucha, Salammbô, l'incantation, 1896
13:20 Publié dans Art, Poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : charles baudelaire, baudelaire, chevelure, poésie, poème, voyage, invitation au voyage, exotisme, correspondances, synesthésie, mucha, alfons mucha, art, salammbô, flaubert, gustave flaubert, rendez-vous poétique, peinture