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10/01/2013

Debout sur la langue d'Antoine Wauters

 

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Debout sur la langue d'Antoine Wauters, bookleg (plus que recueil) paru aux éditions Maëlstrom, 2008, 37p.

 

Tout part (puisque c'est ainsi que commence le recueil), tout part donc, du corps. Et plus précisément me semble-t-il, de la voix, du son, de l'organe qui nous permet d'expulser la vie comme le souffle et ainsi dire je suis vivant à la force de la langue. Dans ce bookleg (livre d'instants, de performances, dans l'esprit du bootleg musical. Tiens, tiens,  nous parlions de son ?), Antoine Wauters lance de brefs morceaux poétiques en prose, tous d'une même force et d'un même calibre, qui alternent de longues phrases et des phrases plus brèves. C'est en donnant voix au poème que l'on perçoit le sens de cette alternance qui retranscrit brillamment la respiration de l'être, mêlant ainsi sa corporalité et son souffle mystérieux.

Où il est question à chaque instant du vivant, sans fausse mystique et de l'écriture qui reflète et réfléchit. D'une profondeur rouge, terreuse, ancrée, dense. A cet égard, je reprends la remarque éclairée de cette fameuse amie belge (bande de lettreuses riprizent), qui notait la fréquente utilisation de termes dont l'oreille saisit perpétuellement le double sens. Les mots, dès lors, prennent l'allure d'une danse flottante qui oscille entre grâce et pesanteur.

Une fascinante découverte, vraiment, dont je concluerai le billet en vous citant quelques extraits qui parleront bien mieux que moi :

 

Le corps est plongé dans la glaise, qui, tout au fond, est du feu, de l'eau filant rouge, souveraine. C'est là, dans cette alliance montée au ventre, qu'ensemble, main dans la main, fondent l'espace et le temps. Là que le corps redevient l'oreille du monde et, battant sourd le sang en accouche les voix.

 

Pas un verbe. Pas une action mais un lieu, un espace liturgique. Ecrire. Dériver vers un temple, un sanctuaire où en paix avec le ciel, la terre, se frôlent qui je suis et qui je ne suis plus. Où le corps se rejoint, libre, nu, animal et joueur, ventre membrane à sons.

 

 

*

 

 

challenge petit bac 2013.jpgEt ni vu ni connu, je t'embrouille, ce billet s'inscrit dans
le challenge Petit Bac 2013 d'Enna dans la catégorie "Parties du corps"

02/01/2013

Nom d'un viking !

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Le marteau de Thor de Patrick Weber, ed. Gulf Stream, coll. Courants Noirs, 2009, 287p.

 

En l'an 850, en Scandinavie, un village attend le retour d'une expédition menée en terre irlandaise par Bjorn le Brave. A l'arrivée du langskip, tous font la macabre découverte d'un équipage décimé et le corps du chef a disparu. Son fils, Kern, est pourtant persuadé que son père est en vie : il a trouvé le matin même le marteau de Thor que son père portait toujours autour du cou sur son lit, comme un signe. Il décide donc de percer le mystère, malgré sa solitude et les difficultés qu'engendre le nouveau commandement d'Egill le Rusé - opportuniste et sans scrupule. D'autant que de nouveaux évènements viennent ternir un peu plus le tableau.

Un polar sauce viking pour ados, quelle bonne idée ! D'autant que le héros est précisément un adolescent, ce qui facilite l'adhésion du lectorat. Voilà de quoi leur faire découvrir de manière ludique une civilisation trop méconnue et pourtant passionnante.
L'histoire en elle-même est ma foi fort bien menée. L'auteur croque des personnages types et souvent mystérieux auxquels on s'attache d'emblée. Il a, en outre, eu l'intelligence de faire progresser l'intrigue avec suffisamment de suspens pour donner l'envie de poursuivre mais sans trop de rebondissements surréalistes pour ne pas desservir la période historique qui est, au fond, le véritable héros de l'histoire.  A ce propos, je salue un vrai souci de véracité historique. L'auteur utilise les termes viking précis : le plus flagrant étant la désignation du fameux bateau viking comme "langskip" et non "drakkar", considéré comme plus correct par les spécialistes. On trouve de plus en fin de livre un lexique et diverses notes explicatives sur les vikings. Un ouvrage qui ne vend donc pas du rêve et qui ne surfe pas sur un fantasme quelconque mais qui divertit tout en prenant soin d'instruire : n'est-ce pas, au fond, le projet de toute bonne littérature?

 

 

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Challenge Polar Historique

1ere lecture

 

 

 

 challenge petit bac 2013.jpgChallenge Petit Bac 2013

Catégorie Objet





 

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Ingmar le preux de Spiessert et Bourhis, ed. Dupuis, 48p (4 tomes)

 

Quelques mots puisque je suis dans la rubrique "viking" sur une BD en quatre tomes qui m'a bien fait rire : les aventures d'Ingmar, fils ainé d'un chef de clan, totalement couard et opportuniste. Aucun problème pour se mettre en valeur mais s'il peut, du même coup, ne pas trop en faire, c'est encore mieux. Il se plait à inventer des sagas en ce son nom mais est le dernier à se mouiller en mer, par exemple. Il sera pourtant amené à sortir un peu de son cocon douillet pour vivre quelques péripéties rocambolesques.
En le lisant, j'ai beaucoup pensé à  la BD Lincoln que j'avais déjà chroniquée ici. Le même genre de dessin dégingandé et le même genre d'anti-héros pétri de défauts avec lequel on rigole - cette BD-ci est tout de même moins ouvertement fendarde que Lincoln, il faut bien l'avouer mais je vous la recommande tout de même pour passer de forts bons moments.

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27/12/2012

La maison du péril d'Agatha Christie

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La maison du péril d'Agatha Christie, 1932, 250p.

 

Hercule Poirot prend quelques jours de vacances avec son fidèle ami Hastings tandis qu'une jeune femme échappe de près à la mort à quelques pas de lui. Autant le célèbre détective venait de refuser une affaire en haute sphère sous prétexte de prendre enfin sa retraite, autant on ne peut empêcher le gourmand de mordre dans une friandise ainsi offerte à sa portée.
L'heureuse survivante se prénomme Magdala Buckley alias Miss Nick. Jeune femme moderne et indépendante, elle habite seule une vieille maison de famille vétuste, "La maison du péril". Hercule Poirot parvient à la persuader de prendre au sérieux les différentes tentatives d'assassinat dont elle a été victime et s'engage à assurer sa protection. Malgré cela et suite à une terrible méprise, c'est la cousine de Miss Nick, Maggie, qui est tuée d'un coup de revolver. Ce nouveau rebondissement parvient à ébranler Poirot : il aurait échouer dans sa tâche puisque le meurtre n'a pas été évité. Dès lors, deux priorités s'imposent : mettre Nick en lieu sûr et retrouver au plus vite l'odieux assassin !

Les vacances de fin d'année, période parfaite pour replonger dans des classiques doucereux et dont on sait à coup sûr qu'ils nous feront passer une belle soirée. C'est le cas de cette enquête d'Hercule Poirot dans laquelle Agatha Christie expose à nouveau tout son talent suranné des intrigues alambiquées, des faux indices et des dénouements qui étonnent. Même si une interrogation m'est souvent venue à l'esprit (et il s'avèrera à la fin que c'était bien la question clé - comme quoi, je commence à être aguerrie à la plume d'Agatha Christie!), j'ai pris un plaisir tout particulier à cette lecture dont l'intrigue est fort bien ficelée et originale. En outre, on retrouve un Hercule Poirot précieux et pédant à souhait, doublé d'un Hastings aussi fringant que naïf et leur duo, décidément, fait merveille.

Petit détail fortuit : je rédige cette chronique en regardant l'excellent Mort sur le Nil avec David Suchet. décidément, les vacances commencent bien !

 

837121717.jpgChallenge Agatha Christie

5eme lecture