Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/01/2012

En parlant de lire des classiques... Challenges 2012 au taquet !

Quelle meilleure manière de parfaire mon inculture classique que de m'inscrire à quelques challenges pour me motiver?

 

 

Classique-final-4.jpgC'est chose faite avec celui de Cécile qui propose de lire un classique par mois cette année.Sans restriction aucune de périodes, langues ou auteurs, c'est dans la liberté qu'on pourra replonger dans la littérature d'hier.

 

 

 

 

 

71762180_p.jpgIl m'arrivera de grouper ce challenge avec celui de Lili galipette, Miss Bouquinaix et George qui proposent de lire l'intégrale des Rougon Macquart! Et oui, je ne suis pas la seule folle à me lancer ce défi. Au lieu de le faire en solitaire, je le partagerai donc avec mes consoeurs bloggeuses :)

 

 

 

 

 

Un petit rappel des 20 Rougon-Macquart :

La Fortune des Rougon (1871)
La Curée (1872)
Le Ventre de Paris (1873)
La Conquête de Plassans (1874)
La Faute de l'abbé Mouret (1875)
Son Excellence Eugène Rougon (1876)
L'Assommoir (1877)
Une page d'amour (1878)
Nana (1880)
Pot-Bouille (1882)
Au Bonheur des Dames (1883)
La Joie de vivre (1884)
Germinal (1885)
L'oeuvre (1886)
La Terre (1887)
Le Rêve (1888)
La Bête humaine (1890)
L'Argent (1891)
La Débâcle (1892)
Le Docteur Pascal (1893)

 

J'ai coloré en violet ceux que j'ai déjà lu (je ne pense pas néanmoins en rédiger des billets, certains datant de plusieurs années, je ne suis pas sûre de m'en rappeler suffisamment bien pour en faire un article un peu construit) mais je chroniquerai les prochains - notamment La Terre qui est en cours de lecture.

Cela dit, même si je n'en fais pas de billets, je vous recommande particulièrement La Fortune des Rougon et La Conquête de Plassans, tous deux absolument savoureux sur les mécanismes de l'arrivisme et L'Oeuvre, où l'on se prend de plein fouet les affres de la création d'un peintre raté ou trop en avance sur son époque (fortement inspiré de Cézanne - ce qui a valu une brouille entre les deux artistes d'ailleurs). Evidemment, il y a L'Assommoir, Germinal, également exceptionnels... Mais ceux là sont suffisamment connus pour ne pas avoir besoin d'être conseillés. 

 

Ca promet !

05/01/2012

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson

 

Le froid, la nature souveraine, la solitude des grands espaces. L'hiver passe et s'immisce l'air de rien dans mes lectures. Tout cela respire la poésie du silence et je trinque à ces esprits libres qui comprennent que la meilleure alternative à notre société, ce n'est pas l'opposition qui est encore une manière d'être avec, mais le retranchement à pas de velours - l'érémitisme, la simplicité, le resserrement.

 

images1.jpg

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, Gallimard, Coll. Blanche, 2011, 267p.
Prix Médicis Essai 2011

 

 

Sylvain Tesson, géographe de formation, tâte le terrain depuis de nombreuses années. Il s'est fait voyageur de l'est européen et de l'Asie, globe trotteur des immensités. Son truc à lui, c'est plutôt le mouvement, le dépassement, le physique en action et la tête en altitude. De chacun de ces périples, il a ramené récits, photos, ou aphorismes inspirés.

La route relatée dans le présent journal est pourtant immobile. Nourri d'un projet d'érémitisme où le temps ne serait plus une course folle mais un horizon à apprivoiser, il se retire en février 2010 dans une cabane de 9m² au bord du lac Baïkal. Le premier voisin se trouve à une vingtaine de kilomètres, le premier village à 6 jours de marche. Il a une réserve monumentale de pâtes, de tabasco, de vodka, de cigares, de livres et de carnets ; des raquettes, un kayak en kit, des vêtements polaires et deux chiens. Le reste, c'est le monde, c'est la vie. Une expérience de la simplicité et du détachement. De l'aridité où tout devient un luxe - cette fameuse dialectique du toujours plus et du juste ce qu'il faut. C'est un ascétisme joyeux, torché la plupart du temps, alternant la marche musclée et la contemplation et parfois, le retrait face à un ours sibérien, comme si de rien n'était. Il manque de mourir à deux trois moments et pourtant, tout cela parait l'évidence même. C'est la clé.

Bien que lauréat du prix Médicis Essai 2011, cet ouvrage est avant tout un journal de bord où le quotidien rythme chaque geste limité à l'essentiel et où la nature règne en déesse immanente absolue. Où se déroulent les saisons, les paysages, les animaux ; où les mésanges sont de véritables petites horloges forestières. Et puis, parmi toute cette opulence de vie, des réflexions, des pistes de cheminement, des illuminations. Ce n'est ni un ouvrage aride de philosophie, plein de démonstrations factices, ni un ouvrage spirituel tellement béat qu'il en friserait la débilisme neuronal. Ici, c'est une expérience, des sensations, du toucher, du bu et du frappé - une espèce de compréhension évidente de ce qui est par son expérience.

Il fait partie de ces livres où tout est juste et pertinent. Le genre de livre qu'on est immensément heureux d'avoir dans sa bibliothèque (merci ma Clara, tu es merveilleuse), qu'on relira, qu'on a envie d'offrir à tout le monde, qu'on va refiler à tour de bras et qu'on est pas près d'oublier.
Depuis mon modeste érémitisme creusois, j'en savoure les dernières pages. Exquis.

 

 

sibérie,forêt,érémitisme,retraite,solitude,hiver

 

 

*

 

Extraits :

 

"Je jouais au loup, à présent je fais l'ours. Je veux m'enraciner, devenir de la terre après avoir été du vent. J'étais enchaîné à l'obsession du mouvement, drogué d'espace. Je courais après le temps. Je croyais qu'il se cachait au fond des horizons. "Par la vigueur de l'usage, compenser la hâtiveté de son écoulement" (Montaigne, Essais, III), voilà comment je m'accommodais de sa fuite.
L'homme libre possède le temps. L'homme qui maîtrise l'espace est simplement puissant. En ville, les minutes, les heures, les années nous échappent. Elles coulent de la plaie du temps blessé. Dans la cabane, le temps se calme. Il se couche à vos pieds en vieux chien de fusil et, soudain, on ne sait même plus qu'il est là. Je suis libre parce que mes jours le sont."

 

"Une rafale de vent pulse un courant glacial sous la porte. Isolé, l'ermite? Mais de quoi ? L'air se glisse à travers les poutres, le soleil inonde la table, l'eau s'étend à un jet de pierre, l'humus est là sous le plancher de bois, l'odeur des bois s'immisce par les fentes, la neige s'infiltre par les portes de la cabane, un insecte s'invite sur le parquet. En ville, une couche de goudron prémunit le pied de tout contact avec la terre, et entre les hommes se dressent des murs de pierre."

 

"La retraite est révolte. Gagner sa cabane, c'est disparaître des écrans de contrôle. L'ermite s'efface Il n'envoie plus de traces numériques, plus de signaux téléphoniques, plus d'impulsions bancaires. Il se défait de toute identité. Il pratique un hacking à l'envers, sort du grand jeu. Nul besoin d'ailleurs de gagner la forêt. L'ascétisme révolutionnaire se pratique en milieu urbain. La société de consommation offre le choix de s'y conformer. Il suffit d'un peu de discipline. Dans l'abondance, libre aux uns de vivre en poussah mais libre aux autres de jouer les moines et de vivre amaigris dans le murmure des livres. Ceux-ci recourent alors aux forêts intérieures sans quitter leur appartement."

 

 

 

sibérie,forêt,érémitisme,retraite,solitude,hiverChallenge de la rentrée littéraire 2011









 


22/12/2011

Du domaine des murmures de Carole Martinez

I-Grande-1392-du-domaine-des-murmures.net.jpg

Du domaine des murmures de Caroles Martinez, Gallimard, Coll. Blanche, 2011, 200p.

 

Où que nous soyons, la voix d'Esclarmonde traverse les âges et nous murmure son histoire. Toute jeune fille, elle refuse le destin de sa caste qui la destine à un mariage arrangé et à faire naître les héritiers du domaine. Elle dit non devant l'autel et se donne à Dieu - devient recluse pour l'éternité dans une cellule de la chapelle de Sainte Agnès. Pourtant, victime d'un viol le matin même de son entrée en solitude, elle ne se trouvera pas si seule dans sa réclusion... Elle sera tour à tour jeune fervente, mère puis prêtresse enflammée capable de visions nocturnes mais jamais elle ne quittera sa prison de pierres.

Ce roman là, on peut le dire, est un sacré succès de cette rentrée littéraire 2011! Chroniqué sur tous les blogs et dans toutes les revues littéraires, il a également raflé le prix Goncourt des lycéens. J'étais donc très curieuse de m'y plonger pour toucher du doigt les secrets d'un tel engouement, d'autant plus que le propos est particulièrement original ! Le moyen-âge et la recluse, Carole Martinez n'a pas choisi la facilité !

Finalement, je suis mi-figue mi-raisin. J'ai apprécié le style doux et poétique, et l'évolution du personnage, évoquant une complexité humaine plus forte que n'importe quelle foi aveugle. Où l'on touche du doigt aussi la question de la femme, de la liberté et de la religion en un temps où les Croisades font rage. Néanmoins, j'ai survolé tout ça et je suis loin d'avoir ressenti l'intensité et l'éblouissement de beaucoup de lectrices. Il m'a semblé que tout cela était trop lisse et trop attendu pour retourner les tripes. Tout est évoqué ou touché du doigt mais je suis restée sur ma faim, trouvant que cela manquait cruellement de consistance. Ce style doux et poétique, clairement de qualité, donne pourtant une tonalité gentillette à l'ensemble qui ne colle pas avec l'époque ni avec ce que vit le personnage. En refermant le bouquin, je me suis dit "c'est mignon". Voilà, sans plus.

 

Merci beaucoup à Leiloona pour ce livre voyageur !

 

Challence rentrée littéraire 2011.jpgChallenge de la rentrée littéraire 2011

11/7