Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/01/2018

Eleanor & Park de Rainbow Rowell

littérature ado,young adult,romance,histoire d'amour,amour,adolescents,rock,80's,coup de coeurA la recherche de quelques histoires d'amour fraîches et contemporaines pour mes ados, je suis tombée dernièrement sur ce roman, dont le synopsis avait d'emblée bien des atouts : Dans les années 80, Eleanor débarque dans un nouveau lycée et ne risque pas de passer inaperçue avec sa carrure imposante, son opulente chevelure rousse et sa dégaine improbable. Park, quant à lui, en plus d'être le seul asiatique a des kilomètres à la ronde, est fan de bon vieux rock (enfin, de bon rock tout court, à l'époque, du coup), de comics et pratique le Taekwondo - toujours très astucieux pour remettre une grande gueule à sa place. Deux protagonistes en marge, donc, qui ne craignent pas d'afficher leur originalité, non pour paraître mais parce qu'être totalement eux-mêmes est une des rares libertés qui leur est offerte dans leur vie familiale compliquée. 

Vous voyez la chose venir : évidemment, ils vont s'aimer même s'ils n'ont de prime abord rien en commun du tout. Leurs fameuses vies familiales compliquées sont très opposées ; en outre, ils sont tous les deux sur une réserve qui ne se manifeste pas de la même façon. Mais à force de se retrouver plus ou moins fortuitement à côté tous les jours dans le bus qui les emmène au lycée, ils font connaissance silencieusement à coup de comics et de K7 audio - un enregistrement des Smith pour draguer, c'est quand même la classe ultime.

La musique sur cette cassette était spéciale... Elle se détachait des autres, elle lui mettait les poumons et l'estomac en boule. Il y avait quelque chose d'excitant dedans, et une sorte d'impatience aussi. Elle lui faisait prendre conscience que tout, le monde entier, n'était pas ce qu'elle pensait. Et c'était plutôt chouette comme sensation. C'était la meilleure des sensations. 

Au tout début, honnêtement, je me suis contentée de trouver ça mignon et par la suite, il m'est même arrivée d'être totalement horripilée par une Eleanor un poil trop Drama Queen pour moi. Mais c'est sans compter le fait que Rainbow Rowell a su saisir à la perfection toutes les premières fois d'une histoire d'amour naissante entre adolescents. Elle a exactement tout compris, ce qui donne un roman extrêmement fin, pertinent, tendre et follement touchant. Même les réactions en dents de scie d'Eleanor, à bien y réfléchir, prennent du sens : après tout, elle n'a que 16 ans. Que voulez-vous, à cet âge-là, on fait ses premières armes avec les hormones ! 
Du coup, j'ai fini par me laisser prendre comme une bleue, à dévorer toute la deuxième partie du roman avec un mélange d'avidité et d'anxiété - puisque le préambule laisse présager une fin qui ne fait pas sauter au plafond. J'allais dire qu'avec cette lecture, j'ai retrouvé mes 16 ans, ce qui est totalement faux, mais c'est précisément là que réside la magie des bons romans : s'y croire complètement et s'identifier sans restriction aux personnages.
Je n'ose imaginer ce que j'aurais ressenti, du coup, en le lisant adolescente... Sans doute que je n'aurais cessé de le relire encore et encore. Sans doute que je serais tombée amoureuse de Park. Sûrement même. Sans doute que j'aurais découvert Les Smith un peu plus tôt qu'en réalité et que je les aurais ensuite écoutés en relisant le roman pour 374ème fois.
Notez, d'ailleurs, que malgré les quelques années (si peu) qui s'ajoutent à mes 16 ans de jadis, il n'est pas impossible que je le relise quand même. Au moins quelques passages. 

Bref, finalement, j'ai adoré Eleanor & Park

- Je crois que je n'arrive pas à respirer quand on n'est pas tous les deux. En d'autres termes, quand je te vois le lundi matin, ça fait environ soixante heures que je retiens mon souffle. Ça explique peut-être que je sois grognon et que je m'énerve contre toi. Tout ce que je fais quand on est loin, c'est penser à toi, et tout ce que je fais quand on est ensemble, c'est paniquer. Parce que chaque seconde semble si importante. Et parce que je suis vraiment incontrôlable, je ne peux pas m'en empêcher. Je ne m'appartiens même plus, je suis à toi, et qu'est-ce qui se passera si un jour tu décides que tu ne veux plus de moi ? Comment est-ce que tu pourrais me vouloir autant que je te veux ? 
Il était silencieux. Il aurait voulu que tout ce qu'elle venait de lui dire soit la dernière chose qu'il entende. il voulait s'endormir avec ce "Je te veux" à son oreille.

littérature ado,young adult,romance,histoire d'amour,amour,adolescents,rock,80's

31/12/2017

Au revoir à l'une, salut à l'autre*

Le miracle de l'instant, l'éternité de ce qui va mourir.

Gaëlle Nohant

IMG_20170303_135319_456.jpg

Tiens, 2017

Tandis que le bilan que voilà est censé être littéraire, je dois avouer que là, tout de suite, ce qui me vient à l'esprit à brûle pourpoint n'a rien de littéraire... 

A vrai dire, je pense d'abord à mes chats*, et particulièrement à celle qui nous a quittés tout début novembre, Nina dite affectueusement le vieux slip. Elle était antédiluvienne, ne nous mentons pas, et elle n'était pas chez nous depuis très longtemps, ayant préféré courir les montagnes savoyardes en toute liberté les vingt premières années de sa vie. Nous n'aurons été que sa maison de retraire mais, comme tout personnel soignant qui se respecte, nous nous sommes attachés à elle au fil des mois. Aussi, mes premières pensées volent vers elle au moment de tourner cette page 2017. 

IMG_20170530_165428_281.jpg


Je pense aussi forcément aux deux nouvelles débarquées en juillet, Comète et Galatée, qui remplissent mon quotidien de câlins et d'espièglerie. Je ne peux que souhaiter, avant de clore le chapitre félin, de ne plus jamais avoir à récupérer qui que ce soit salement accidenté au bord de la route... J'ai eu beaucoup de chance cette année de parvenir à sauver mes trois blessées et je n'ose imaginer que le vent tourne un jour sur cette question-là...
*Coucou, j'ai 95 ans.

bilan,bilan2017,2017,lectures,roman,poésie,littérature ado,classiques,voeux,bonne annéeDans un autre domaine, je retiens l'heureuse concrétisation de quelques envies de voyages qui me trottaient dans la tête depuis un bout de temps : Amsterdam au printemps et Vienne en automne (part I et II). Deux villes différentes et si dépaysantes chacune à leur manière. J'ai évidemment déjà quelques idées d'ailleurs pour 2018. L'avenir décidera dans quelle direction penchera la boussole ! 

Le contour de mes os était bordé de noir. J’étais une balise. D’un bout à l’autre de la nuit je ne cessai de palpiter, rappelant à moi les uns ou les autres.
Louise Erdrich

Mais revenons donc aux livres ! 

Je sens que le cap des six ans du blog commence à peser. J'ai toujours envie d'écrire sur mes lectures mais les livres s'accumulent de plus en plus en attendant d'être chroniqués. Je n'ai pas même l'excuse du travail par dessus la jambe pour expliquer cette lenteur à la tâche. Clairement, il y a un creux de vague. La plupart des blogs que je suivais dans les premières années sont éteints ou pas loin de l'être et je ne trouve pas vraiment de motivation pour aller découvrir d'autres univers. De manière générale, je dois reconnaître que je parcours de moins en moins régulièrement les blogs, me limitant à quelques lieux aimés une fois ou deux par semaine grand max. Les commentaires, aussi, sont de moins en moins présents ; un dommage collatéral de tout le reste sans doute. J'ai la sensation que la vive émulation littéraire que j'ai pu ressentir et apprécier sur la blogosphère dans les jeunes années du blog s'amenuise doucement. Suis-je la seule à ressentir cela ?

Liminaire l'ombre.jpgAutre dommage collatéral de cette baisse de régime : la raréfaction de certains genres littéraires dans mes chroniques.
L'élan passionné pour donner plus de visibilité à la poésie en dialogue avec les arts, formulé dans le bilan 2015, n'aura pas duré bien longtemps. Je ne totalise que 4 rendez-vous poétiques cette année, et aucun entre avril et octobre ! Ça se passe de commentaires ! Il faut dire qu'en matière de poésie, j'aime me limiter aux coups de cœur, or, dans ce genre comme dans tout autre, la médiocrité (pour rester polie) gagne de plus en plus de terrain, même sous la plume de grands noms qui ont pignon sur rue (spéciale dédicace à Laurent Gaudé et Mahmoud Darwich qui décrochent le pompon cette année), et je n'ai aucune envie de perdre du temps à en faire cas.  

Je me dois, néanmoins, de faire une place de choix dans mon bilan à LA découverte poétique de 2017 : le poète belge Harry Szpilmann et son recueil Liminaire l'ombre chez Le Taillis Pré. Franchement, pour paraphraser le poète, s'il ne devait en rester qu'un, ce serait celui-là. Je ne vous dis pas comme il me tarde de découvrir son nouveau recueil, Petite suite désertique, paru en décembre chez Le Coudrier (quand les librairies de ma région l'auront enfin dans leur base de données pour pouvoir le commander quoi #parcoursducombattant)

Danser, écrire ou maintenir sa flamme à flot
            à la suture de toute lumière.

Harry Szpilmann

Autre genre qui déserte mes modestes pénates : la BD. Pourtant, je me suis remise à en lire plus activement cette année, mais de la même façon qu'en poésie, je commence doucement à me limiter aux chroniques de coups de cœur, pour une bête question pratique. Honnêtement, les BD se lisent trop vite. Si je devais écrire sur tout ce que je lis (et je n'en lis pas des tonnes hein), j'aurais une tour de Pise sur le bureau en attente de chroniques. Bref, trop de contrainte au rendement tue le plaisir. 
De cette année, je retiens particulièrement deux titres à forte teneur animale. Le drôlissime Grand méchant renard de Benjamin Renner qui m'a fait mourir de rire et l'univers un poil gothique (mais un poil seulement) des Histoires de chats de Guillaume Bianco, indispensable à tous les amoureux des chats qui passeraient par ici ! 

histoires de chats.jpg


Le garçon.jpgDu côté du roman, puisque c'est tout de même la plus grosse tranche de chroniques du blog, 2017 aura été l'occasion de premières rencontres mémorables !
Chez les contemporains, c'est Marcus Malte qui me saute premièrement à l'esprit avec Le Garçon, cette extraordinaire vie inclassable où le merveilleux se frotte à la rudesse du quotidien et à la violence de la guerre. Une poésie aussi brillante que détonante à lire absolument.  Dans une version moins fictive, j'ai passé un excellent moment de lecture aux côtés de Gaëlle Nohant et de son Robert Desnos libre par excellence dans Légende d'un dormeur éveillé.  
Du côté des classiques, c'est encore une vie, et une vie encore extraordinaire qui plus est, qui m'a accompagnée tout le mois d'août : celle du Comte du Monte-Cristo d'Alexandre Dumas. Si le style de l'auteur ne m'a pas conquise sans réserve, force est de constater que ce Comte est de ces romans que l'on n'oublie pas. Grandiloquent et parfois invraisemblable certes, romantique en un mot, mais aussi d'une inventivité folle, et particulièrement addictif : c'est la parfaite lecture de vacances. 

Le Comte de Monte Cristo.jpg


Le livre de perle.jpgEnfin, j'ai frayé aussi dans quelques contrées plus magiques... En littérature jeunesse, mon gros coup de cœur est indéniablement pour Timothée de Fombelle dont j'ai adoré Le livre de Perle. Quel bonheur de soulever parfois le voile de la réalité pour s'en aller à saut et à gambade au pays de l'imaginaire - tout cela, évidemment, pour révéler un peu mieux la dite-réalité. Tout est affaire de contre-points habilement menés et de Fombelle, à ce jeu-là, est maître incontesté (et mon avis en demi-teinte sur son dernier titre n'y change rien). 

Elle porta son verre à ses lèvres. Elle but. Elle écouta. Elle entendait les mots d'une syllabe couler et rejoindre la boue. Elle s'assoupit, dodelinant de la tête. La boue devenait fertile. Les mots s'élevaient au-dessus de l'attelage silencieux des bœufs intolérablement chargés, avançant lentement dans la boue. C'étaient des mots dénués de sens. Des mots merveilleux.

Virginia Woolf

Parmi les belles relations déjà initiées et délicieusement poursuivies en 2017, j'ai enfin fini de découvrir l'oeuvre romanesque de Virginia Woolf avec Entre les actes où théâtre et poésie de mêlent de façon étonnante  - il me reste, maintenant, à tout relire encore et encore ; j'ai retrouvé avec bonheur les frasques de Lila et Lenù dans Le nouveau nom d'Elena Ferrante, tome que j'ai encore préféré au précédent et dont j'attends la suite en poche avec impatience ; et j'ai enchaîné avec un nouveau Jane Austen, le célèbre Raison et sentiments, qui me permet, décidément, d'aimer l'auteure de plus en plus à force de m'aguerrir à sa subtilité ironique sans pareille. 

Le nouveau nom.jpg

C'est un temps de mue. Corps et âme. Les poils chassent le duvet et la lucidité déchire de ses griffes acérées le voile de l'innocence - et la voilà qui pointe à travers les lambeaux son triste museau d'huissier. On peut en prendre le pari, assis le soir le regard dans le feu et les lèvres qui ânonnent en silence. C'est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l'existence : nombre de ravages et quelques ravissements.

Marcus Malte

 

Salut, 2018 !

Finalement, quand on fait le compte, il ne reste pas tant de souvenirs d'une année de lecture... J'aime décidément cet exercice : c'est là qu'on s'aperçoit de ce qui nous a vraiment marqués. Et certains titres que j'avais notés comme coup de cœur à l'époque sont finalement passés à la trappe de ce bilan. C'est la dure loi de la mémoire. 

Pour 2018, j'espère ne pas m'essouffler, tout simplement. Que perdure l'esprit de partage qui rend le fait de bloguer si intéressant. En somme, comme je le souhaitais l'an dernier à la même date : entretenir la flamme, continuer à prendre du plaisir et pétiller toujours plus à l'idée d'ouvrir un nouveau livre. A ce propos, je remercie tous ceux qui ont participé activement à grossir ma PAL par quelques présents judicieusement choisis pour Noël. Il me tarde de les découvrir ! 

bilan,bilan2017,2017,lectures,roman,poésie,littérature ado,classiques,voeux,bonne année

Je vous souhaite à tous une excellente année 2018. Qu'elle ne soit que folie, émulation, douceur ou, comme disait le poète (pas celui de tout à l'heure, l'autre), luxe, calme et volupté.  

Abolissons tous les filtres qui nous empêchent de jouir pleinement et véritablement de l'hic et nunc.

Elena Ferrante

 

29/11/2017

Le mystère des pavots blancs de Nancy Springer

enola holmes,nancy springer,enquête,polar,londres,langage,fleurs,disparition,seule,sherlock holmes,frère,intelligence,mystèreDisons-le franchement : j'ai lu ce roman au début de l'été. Ça va donc faire six mois qu'il vivote dans ma pile de livres à chroniquer, attendant gentiment son tour, se faisant voler la vedette par le dernier lu en date et souffrant ni plus ni moins de mon intense procrastination. Il faut dire que c'est compliqué de parler d'une série sans spoiler la moitié des enjeux à ceux qui attendent encore de lire le tome en question ; quant aux autres, ils se beurrent gentiment le nombril avec de l'huile d'olive de l'énième aventure d'une obscure série qui ne les intéresse pas. Du coup, bon... Ce n'était pas la motivation qui m'étouffait. Finalement, c'est ma mémoire défaillante qui a fini par me pousser à en dire quelques mots ici : je m'aperçois que les détails s'effacent doucement mais sûrement, ce qui m’horripile au plus au point. Il est donc temps qu'un billet vienne raviver tout ça en attendant la quatrième aventure de notre héroïne. 

Au début de ce 3eme tome, Enola Holmes se retourne la cervelle pour trouver une nouvelle identité. Son chemin a trop fréquemment croisé celui de son frère et du Dr Watson dans le tome précédent et son avatar d'alors est sans nul doute démasqué depuis belle lurette. Il lui faut dénicher autre chose pour passer incognito, sauf que rien de très probant ne lui vient à l'esprit. Au détour d'une boutique de maquillage et colifichets divers - haut lieu de perdition pour une femme à l'époque -, elle finit par avoir une idée lumineuse : devenir une femme superbe. Pour elle qui ne brille pas par sa beauté naturelle, ce sera le déguisement parfait.

Voilà donc notre Enola Holmes travestie en Violet Everseau. La première mission clandestine de cette femme superbe - comme quoi, rien ne résiste à un peu de fond de teint et de la poudre aux yeux ! - sera de retrouver le Dr Watson, dont elle apprend la mystérieuse disparition dans les journaux. Enola est d'autant plus titillée qu'en creusant un peu - comprendre par là, en pénétrant dans la demeure du Docteur, sous prétexte de consoler sa femme -, elle découvre des bouquets bien étranges... Des bouquets dont la signification lui saute au cerveau et lui fait craindre quelque épineuse affaire... 

Afin de ne pas répéter trop longuement ce que j'ai déjà mentionné lors des chroniques de La double disparition et L'affaire Lady Alistair, je me bornerai à dire que les ingrédients que j'aime dans cette série - la légèreté, le vent frais de la liberté, un brin de désinvolture et d'invraisemblance et, surtout, une réflexion pertinente sur le siècle victorien et la condition des femmes d'alors - sont toujours au rendez-vous. J'ai pris plus de plaisir, en outre, au déroulement de l'enquête d'Enola, que j'ai trouvée plus complexe, plus aboutie - en un mot : plus consistante.  Le langage des fleurs occupe une place prépondérante dans ce mystère et rend l'ensemble délicieusement original. J'ai découvert à  l'occasion bien des subtilités sur le langage de certaines plantes - qui aurait cru, par exemple, que l'asperge signifiait tant de choses et pouvait s'offrir en bouquets ? Fascinant ! Un très bon tome, donc, qui m'a fait placer le quatrième en bonne place dans ma wishlist.

A bientôt pour de nouvelles aventures holmésiennes !