31/08/2014
Le challenge Amérindiens, c'est fini !
Il y a un an et quelques mois, je lançais le challenge Amérindiens le temps de mon mémoire sur le sujet. L'idée était de partager avec mes copines blogueuses mon intérêt pour cette littérature et découvrir des titres et des auteurs jusque là inconnus.
J'ai été particulièrement ravie que 18 personnes choisissent de me suivre dans cette aventure ! Au final, l'engouement s'est assez vite essoufflé et dès l'été dernier, les participations des uns et des autres ont été fort rares ; plusieurs n'ont finalement jamais participé. C'est la raison pour laquelle j'ai abandonné assez vite les récaps réguliers : je n'avais souvent rien à dire de plus que la fois précédente... Mais c'est le jeu des challenges !
Je remercie en tout cas tous les participants et participantes, et particulièrement celles qui ont été hyper actives ! Merci de m'avoir donné envie de lire Jim Fergus ou Craig Johnson, Gérard Duhaime ou Lucie Lachapelle. J'espère également avoir su vous inspirer quelques envies nouvelles de lectures. Même si la littérature amérindienne est souvent emprunte de noirceur, d'alcool et de violence, elle porte aussi en elle le pouvoir d'une guérison pleine d'espoir et de renouveau. Elle vaut le coup d'être découverte et savourée.
Récap final des billets :
PETIT TONNERRE
Ce qui a dévoré nos coeurs de Louise Erdrich
Rivière Mékiskan de Lucie Lachapelle
Une moitié de Wasicun de Jean-François Chabas
Mille femmes blanches de Jim Fergus
Lilly
Le Chemin des âmes de Joseph Boyden
Sorray, le retour au monde de Gérard Duhaime
Qu'as-tu fait de mon pays d'An Antane Kapesh
Dans le silence du vent de Louise Erdrich
Feu, tome 1: La rivière profanée de Francine Ouellette
Ourse bleue de Virginia Pésémapéo Bordeleau
Elan noir parle, propos recueillis par John Neihardt
CHEF DE GUERRE
L'indien blanc de Craig Johnson (billet rétroactif)
Terre des rêves de Vidar Sundstol (billet rétroactif)
Seuls les morts ne rêvent pas de Vidar Sundstol
La danse des chiens tonnerre de Kirk Mitchell
La morsure du lézard de Kirk Mitchell
Le premier qui pleure a perdu de Sherman Alexis
La malédiction des ancêtres de Kirk Mitchell
Indian blues de Sherman Alexis (billet rétroactif)
La malédiction des colombes de Louise Erdrich (billet rétroactif)
Les bisons de broken heart de Dan O'Brien (billet rétroactif)
Le chemin des âmes de Joseph Boyden (billet rétroactif)
Carlisle (Tome 1) de Seigneuret et Chevret Deighton
Béante de Marie-Andrée Gill (billet rétroactif)
S'aggriper aux fleurs - Haïkus de trois femes Innus (billet rétroactif)
Elle et nous de Michel Jean (billet rétroactif)
L'écorce de nos silences (chronique sur 3 courtes pièces autochtones)
Kuessipan de Naomi Fontaine (premier roman d'une auteure innue)
L'amant du lac de Virginia Pésémapéo Bordeleau
Sedna, la déesse de la mer (Pièce de théâtre d'après une légende inuit)
GRAND MYSTERE
Mille femmes blanches de Jim Fergus (billet rétroactif)
Le premier qui pleure a perdu de Sherman Alexie (billet rétroactif)
(+ l'avis de Mr)
Indian Blues de Sherman Alexie (billet rétroactif)
Apaches de Guillaume Guéraud (billet rétroactif)
Dans l'or du temps de Claudie Gallay (billet rétroactif)
La perle de Steinbeck (billet commun : Mr et Junior...) (billet rétroactif)
Les délaissés, Richard Van Camp(billet rétroactif)
Whisky et paraboles, Roxanne Bouchard (billet rétroactif)
Du sang dans les plumes de Joel Williams
La perle de Steinbeck
Cochon rouge d'Erik L'homme et Laurent Corvaisier
(+ l'avis de Mr)
Moi
Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse de Louise Erdrich (billet rétroactif)
Ce qui a dévoré nos coeurs de Louise Erdrich (billet rétroactif)
L'hiver du fer sacré de Joseph Marshal III
Le chemin des âmes de Joseph Boyden
Dans le silence du vent de Louise Erdrich
Littérature amérindienne du Québec sous la direction de Maurizio Gatti
Ourse bleue de Virginia Pésémapéo Bordeleau
La Saga des Béothuks de Bernard Assiniwi
Comme des ombres sur la terre de James Welch
Love Medicine de Louise Erdrich
Cérémonie de Leslie Marmon Silko
A la grâce de Marseille de James Welch
L'hiver dans le sang de James Welch
Dans le grand cercle du monde Joseph Boyden
Rivière Mékiskan de Lucie Lachapelle
25/08/2014
Poulet aux prunes de Marjane Satrapi
Poulet aux prunes de Marjane Satrapi, L'Association, 2004
Téhéran, 1958. Nasser Ali est un illustre joueur de târ. Malheureusement, depuis que son instrument de toujours est brisé, il ne trouve plus le goût à rien. Après quelques essais infructueux sur de nouveaux instruments, il décide de mourir. Son mode de suicide sera l'attente. Aussi Nasser Ali se met au lit et va consacrer les jours avant sa mort à se remémorer les bons comme les mauvais souvenirs et les étapes importantes qui ont jalonné sa vie.
Marjane Satrapi est célèbre pour son autobiographie graphique en 4 volumes, Persepolis et son adaptation en film d'animation. J'avoue avoir un amour particulier pour cette œuvre que je trouve poignante, criante de vérité et pleine d'humour. On retrouve ces trois caractéristiques dans ce Poulet aux prunes qui se dévore avec joie et mélancolie et qui se referme à grand regret. L'art de Marjane Satrapi me semble être précisément la parfaite réunion des contraires : son dessin est très simple, très épuré, tout en noir et blanc et pourtant une incroyable force expressive s'en dégage. Tout est là. Quant à l'histoire de cet opus, elle est pleine de douceur et de dureté mais toujours sensible et juste. Nasser Ali n'a rien d'un homme parfait. Comme bien des grands virtuoses, son art passe avant tout. Pourtant, si l'on soulève le voile, une grande blessure se cache sous sa passion de la musique. Un blessure d'amour comme souvent. Le lecteur est porté par la vague de son attente et de tous les évènements passés et présents qu'il fait défiler. Et puis, comme toujours, l'humour et la légèreté ne sont pas absents du tableau malgré le sujet difficile. Ainsi la dégustation du poulet aux prunes ou la rencontre avec Azraël font sourire avec plaisir. Ces épisodes fonctionnent comme de douces bouffées d'oxygène.
J'ai véritablement eu un coup de cœur pour cette BD qui m'a fait voyager le temps de la lecture. De la première à la dernière page, j'ai été totalement éclipsée de la réalité : le plus beau cadeau lorsqu'on lit, n'est-ce pas ?
Dans la foulée, j'ai visionné l'adaptation cinématographique, avec des acteurs cette fois-ci (et dans laquelle Nasser Ali devient joueur de violon, allez savoir pourquoi). Elle retranscrit plutôt bien le fil narratif de l’œuvre originale et les personnages sont souvent interprétés avec justesse. Bien que j'aie préféré la BD, je vous conseille de le visionner. Il vous fera passer sans nul doute une belle soirée.
08:00 Publié dans Art, BD / Comics / Mangas, Coups de coeur, Littérature française et francophone | Lien permanent | Commentaires (14)
19/08/2014
Balzac et la Petite Tailleuse chinoise de Dai Sijie
Balzac et la Petite Tailleuse chinoise de Dai Sijie, Folio, 2002, 228p.
Durant la révolution culturelle maoïste, le narrateur et son ami d'enfance Luo sont envoyés en "rééducation" : puisque faire partie d'une famille de médecins, c'est déjà être dangereux aux yeux d'un gouvernement communiste acharné contre les intellectuels, ils sont exilés dans les campagnes afin de s'abrutir à des taches subalternes. Ce long séjour sera adouci par la fréquentation du trésor du Binoclard, une valise pleine de classiques français. Pour les récompenser d'un service rendu, il leur offre Ursule Mirouët de Balzac et cette découverte les occupe de nombreuses nuits dans une intense fascination. Ils font en outre fortuitement la connaissance de la petite tailleuse, fille de l'artisan le plus riche de cette montagne du Phénix du ciel. Luo se prend d'une ambition de Pygmalion à son endroit et lui fait de longues heures de lecture balzacienne afin d'élever la petite tailleuse et de la rendre plus estimable à ses yeux. C'est pourtant une tout autre conséquence qu'aura la fréquentation assidue de cette merveilleuse littérature chez la jeune fille en devenir.
Ce court roman réussit le pari du récit d'apprentissage en un croisement de destinées exotiques et marquées du sceau de l'histoire. La Chine de Mao est bel et bien présente dans les évènements du quotidien et le récit dénonce, à travers la stigmatisation des plaisirs intellectuels, la détestation pour la culture de ce régime dictatorial. Les jours apparaissent figés dans un enchaînement de tâches répétitives et difficiles. Pourtant, paradoxalement, c'est le talent de conteurs des deux protagonistes qui leur permet d'alléger le poids des jours. Comme quoi, même les prolétaires convaincus ont besoin de s'évader dans des histoires délicieusement amenées.
C'est ce pouvoir de la littérature ; pouvoir de découvrir, d'apprendre, de grandir, d'aimer et d'être soi ; que met en relief Balzac et la petite tailleuse chinoise. Le charme des mots et l'élan des curiosités s'insinuent même dans le plus stricte des régimes pour offrir à l'être de se développer et de se construire. Si l'on ne se rend pas toujours compte de la chance qu'on a de vivre dans un pays où le savoir est libre, il suffit de lire ce roman pour s'en rappeler et saisir que ce qui est parfois fastidieux est non seulement une chance mais aussi l'opportunité de plaisirs sans fin.
Un roman tout simple, sans prétention, mais surtout charmant et pleins de délices qu'il convient de mettre entre toutes les mains de nos jeunes ados.
08:00 Publié dans Littérature française et francophone | Lien permanent | Commentaires (10)