Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/02/2016

Harry Potter et la chambre des secrets de J.K.Rowling

Harry Potter et la chambre des secrets.jpg
Harry Potter et la chambre des secrets de J.K.Rowling, Folio Junior, 1999, 358p.

 

Avec ce deuxième tome, on prend les mêmes et on recommence, littéralement. Je ne parle pas seulement des personnages dont on n'attendait pas moins que de les retrouver tous mais d'une trame narrative quasiment à l'identique, rythmée par les mêmes phases importantes de l'année scolaire de nos apprentis sorciers. Ainsi, tout débute durant les grandes vacances, le jour de l'anniversaire de Harry qui est, cette fois, secouru de l'enfer des Dursley par Ron et ses frères. Après les réjouissances de la rentrée, c'est à nouveau la fin octobre et Halloween qui marquent un tournant décisif - moment où Harry entend pour la première fois le fameux monstre de la chambre des secrets et où la chatte de Rusard est pétrifiée ; puis suivront Noël et la période du Printemps et des révisions avant les examens. Chaque fois, le mystère progresse en même temps que les grandes dates de l'année scolaire comme c'était le cas dans le premier tome. Du coup, il y a un charme douillet et rassurant à lire ce deuxième titre, à défaut d'aller de surprise en surprise.

Par ailleurs, l'auteure poursuit sa volonté de faire de Harry et de Voldemort le miroir inversé l'un de l'autre, tous deux pleins des mêmes qualités employées à des desseins opposés, comme Dumbledore ne manquera pas de le souligner à la fin. Cette opposition est décidément cristallisée par un manichéisme entre les maisons rivales des Gryffondors et des Serpentards, nettement plus appuyé me semble-t-il que dans le premier tome, et parfois sans trop de finesse. J'avoue qu'à ce stade, je n'ai plus aucun souvenir des films, je n'ai donc aucune idée de la manière dont ce manichéisme et cette réflexion autour de la part sombre de chacun vont évoluer, ce qui rend la perspective d'entamer le troisième tome d'autant plus enthousiasmante. J'espère cependant que, comme beaucoup me l'ont laissé entendre, Le prisonnier d'Azkaban fera prendre un virage à la série pour que l'on puisse rentrer dans plus de subtilités à tous points de vue.

Comme je l'avais fait précédemment, j'ai enchaîné la lecture du roman avec le visionnage de son adaptation ciné. Je confirme que dès ce second volet, on sent la nécessité dans laquelle se sont trouvés les scénaristes d'opérer des coupes et des simplifications afin de faire tenir le récit en 2h30. Néanmoins, à l'heure actuelle, ses remaniements me semblent judicieux et sans grande conséquence quant au bon déroulement de l'intrigue - sans doute cela est-il dû au fait qu'elle est construite sur un schéma identique à la première. Aucune frustration de me part donc ; je ne me suis pas sentie dans l'envie de pester contre une adaptation arbitraire ou lacunaire. Je pressens que ce ne sera peut-être plus le cas lorsqu'il s'agira d'adapter un tome de 900 pages...

La suite au prochain numéro !

 

Challenge a year in England.jpgChallenge A Year in England chez Titine

7ème participation

13/02/2016

A la table des hommes de Sylvie Germain

A la table des hommes.jpg
A la table des hommes de Sylvie Germain, Albin Michel, 2016, 263p.

 

"Ils sont en placide accord avec la terre, ils font corps avec elle. La terre, la vie, leur chair, le sang qui circule en eux, la faim autant que la satiété, la course autant que les haltes de délassement, c’est tout un. Ils ne s’inquiètent pas du temps qui passe, ils ignorent ce qu’hier et demain signifient et portent de nostalgie, de soucis ou d’espoirs, ils habitent chaque instant en plénitude, les agréables comme les mauvais, et selon, ils réagissent, s’adaptent. Seul leur importe de rester saufs ; ils ne sont que brut et vigoureux désir de vivre qui oscille entre âpreté, effroi et volupté. La vie parfois dispense des moments de si grande douceur. Ces moments-là, ils les goûtent avec ampleur et acuité, des frissons de bien-être leur parcourent l’échine, furtifs et légers comme ceux qui fluent dans les herbes et les feuillages sous les bouffées du vent."  p.27

J'avais délaissé Sylvie Germain depuis de trop nombreux mois, depuis la découverte foudroyante de son premier roman puis la lecture agréable mais bien moins saisissante de ses Petites scènes capitales. Il faut dire qu'avec Sylvie Germain, je mets la barre très haut, j'attends de la grâce, de la violence sublimée, de la poésie, du conte et de l'Histoire mêlés. Forcément, dès lors, au seuil de l'attaquer, je sais que je serai sans concession. Et comme d'habitude, tandis que j'ai de nombreux titres d'elle dans ma PAL, il a plutôt fallu que je me penche sur sa dernière sortie piochée en bibliothèque. On ne se refait pas...

A la table des hommes m'a terriblement attirée par un propos similaire au Livre des nuits : où le merveilleux rencontre l'âpre réalité des jours de guerre. Notre personnage principal n'est autre qu'un pourceau abandonné, livré à la nature, aux soins d'une femme puis d'une daine aimantes. A mesure qu'il grandit, il se frotte un peu plus à l'aride douceur de la sauvagerie, échappe aux chasseurs - l'Homme, cette terrible engeance - puis se mêle dangereusement à la mort au point que vivant et mourant se télescopent, fusionnent, s'amourachent. Le voilà seul, le sans-nom, le sans-parole, dans un corps tout différent, étranger à ses deux jambes immenses et incertaines, nu dans une ville détruite. Il survit grâce à sa connaissance de la nature et des bêtes et se lie d'une amitié solide avec une corneille. Les jours s'écoulent tant bien que mal jusqu'au retour des hommes dans le village. L'homme qui, décidément, ne peut s'empêcher d'osciller entre la bienveillance et la prédation.

"La forêt est son royaume, il y flâne des journées entières, parfois il s’y attarde tant qu’il ne rentre qu’à l’aube. Il aime assister au déclin de la lumière dans le ciel qui semble s’arrondir à mesure que le bleu se sature, se violace puis se fonce en noir indigo, et, au même rythme, à la montée des ombres entre les fûts des arbres jusqu’à leurs frondaisons. Tous pareillement sanglés de noir, les arbres forment une horde de silhouettes immobiles, bras levés, écartés, qui s’effleurent en frémissant. Il écoute et il respire la nuit forestière, l’air humide et froid, très vif mais moins venteux, répand autrement les sons et les odeurs que celui du jour, les bruits se détachent et se répercutent avec plus de netteté, ils claquent comme des bulles, les odeurs s’exhalent avec plus de puissance. Il n’a pas peur dans cette obscurité aussi mouvante que bruissante, ses sens s’y aiguisent comme une lame sur une meule, et il connaît bien son domaine, il sait s’orienter, se protéger des dangers, trouver où et comment se dissimuler au moindre bruit suspect, surtout s’il s’agit de voix ou de pas d’hommes. Il se méfie bien davantage de ceux-ci que des animaux sauvages, car les humains fouinent partout, et certains portent un fusil à l’épaule, prêts à tirer sur toute bête comestible, et aussi, par mégarde, par excitation ou par jubilation, sur tout ce qui bouge, comme si la vie des autres vivants leur était un défi, un obstacle à abattre, la promesse d’une bouffée d’ivresse sanguine." p 82

A la table des hommes nous invite à une naissance à l'humanité des plus fabuleuses, en même temps qu'à une réflexion sur cette humanité. Et puisque nous sommes à la lisière du conte, on ne saurait faire fi du fameux nombre trois, magique : ainsi le récit est-il rythmé selon trois parties que symbolisent l'apprentissage du langage, de l'amour puis du questionnement spirituel. A mesure que l'être grandit, construit, s'interroge, il perd autant qu'il gagne. Notre protagoniste, baptisé ironiquement Babel, apprend les mots mais perd un peu de son harmonie à l'instant présent. Avec l'humanité vient l'ennui, la jalousie, le manque ou la volonté de nuire. Chez les bêtes, nulle violence gratuite ou préméditée. Seulement la survie, seulement la nécessité d'être à soi et au monde. Très clairement, ce roman est à charge des hommes mais sans virulence mal digérée. Sylvie Germain en crée un monde poétique, transforme la boue et mots lumineux, et place Babel au centre - entre l'homme et l'animal - comme le pont que nous devons être : faire partie du monde mais ne pas en être le centre

"Ce qui grésille en lui, ce sont les mots. Le peu de vocabulaire qu'il avait acquis s'est disloqué sous le choc de l'agression, puis dissous dans la fièvre, et des lambeaux de vocables flottent dans sa tête, s'y heurtent les uns aux autres. Tous ces mots concassés, il veut les ressaisir, les reformer, les affûter, et surtout les multiplier, il lui faut compenser l'amenuisement de son odorat en s'emparant du langage comme d'un instrument d'exploration des choses et des gens, en faire une faculté de perception, un sixième sens qui ramasse et concentre les cinq autres. Une arme pour comprendre tout ce qui se dit, et ce qui se trame dans ces dires." p. 98

J'ai été très touchée par le propos de Sylvie Germain, ne pouvant qu'y souscrire - appréciant ce personnage solitaire, en marge et d'une simplicité mine de rien complexe - et ai savouré de nombreux passages où son style se découvre décidément savoureux. Pourtant, comme avec Petites scènes capitales, je n'ai pas retrouvé le même émoi qu'avec Le livre des nuits. Je ne suis pas loin de me demander si elle fera un jour aussi bien que cet extraordinaire premier roman. Mon sentiment profond est qu'A la table des hommes est un livre finalement inégal. Sentence étrange à délivrer pour un bon roman, je le reconnais - car c'est un très bon roman. Mais inégal tout de même au regard de ce que Sylvie Germain a pu écrire auparavant. La beauté fulgurante de son style ne se dessine que par à-coups tandis qu'une langue et des considérations beaucoup moins subtiles prennent parfois le relai à regret. Le filigrane de l'Histoire - où devrais-je dire du monde contemporain, car comment ne pas penser à certains attentats récents dans la dernière partie du roman ? - est trop clairement affiché, et je n'ai pas toujours compris la pertinence de cette inscription si transparente, là où, justement, c'est l'intemporalité du conte qui faisait à mon sens la force de son écriture et de son message implicite. Certains morceaux semblent écrits dans la rage, dans l'exaspération de tel ou tel évènement de notre quotidien et cela perd de sa légèreté, de sa profondeur, de sa force.

Je m'arrête là dans mon bémol car je ne voudrais pas vous passer l'envie de découvrir ce roman malgré tout délicieux. Qu'il s'agisse d'un titre ou d'un autre, Sylvie Germain est indéniablement une auteure à lire et à savourer. Et bémol ou pas, A la table des hommes invite à une réflexion absolument nécessaire sur le devenir humain.

"Le jour commence à poindre, les étoiles pâlissent, mais le jour et la nuit ne sont pas exclusifs, rien ne l’est, sauf la haine en son orgueil inepte, tout s’interpénètre, se ramifie et se féconde. Les étoiles peuvent bien disparaître de la vue, elles ne désertent pas le ciel où elles diffusent leur feu depuis des milliards d’années, et leur lumière survit longtemps à leur extinction. Et il est indifférent aux étoiles d’être on non regardées par des admirateurs, comme cela l’est aussi aux arbres, aux montagnes et aux fleuves, aux fleurs et aux animaux. Seuls les hommes ont ce souci rongeant, et pour être remarqués, autant que pour éliminer qui s’avise de leur faire de l’ombre ou simplement qui ose ne pas les glorifier ni se soumettre à eux, ils sont prêts à tout, à commencer par tuer." p 261-262

" La table branlante des hommes.
Vois combien la nuit consume la voie lactée des âmes.
Monte dans ton chariot de feu et quitte le pays !"
Citation de Tomas Tranströmer p. 263

 

09/02/2016

Harry Potter à l'école des sorciers de J.K.Rowling

Harry Potter à l'école des sorciers.jpeg
Harry Potter à l'école des sorciers de J.K.Rowling, Folio Junior, 1998, 306p.

 

Il était une fois une gonzesse qui arrivait 18 ans après la bataille avec un bouquin que tout le monde a déjà lu. Pour vous dire vrai, je n'ai jamais ressenti aucune espèce d'envie de lire Harry Potter : j'ai vu les films et, malgré tout ce que les lecteurs de la saga peuvent dire, jusqu'ici, ça me suffisait amplement. Et puis je me suis vue en conseiller la lecture à deux de mes crapules de 5e en leur disant que c'était "fantastique blah blah blah". Du coup, rentrant chez moi, je me suis dit que ce serait peut-être pas plus mal de m'appliquer mes propres conseils de lecture. So be it.

Alors, que retirer de ce premier opus, fort mince par rapport à ceux qui m'attendent ? (Oui, je vous passe le résumé de l'histoire hein, je ne voudrais pas me faire canarder avec des oranges confites pour inutilité bloguesque flagrante). L'air de rien, sous les atours de l'univers magique le plus farfelu, J.K.Rowling raconte l'histoire d'un gars dont les dix premières années de vie sont les pires qui soient et qui ignore parfaitement qui il est. Ou pour le dire autrement : son identité est tout bonnement en mousse. Magie ou pas, Harry Potter, c'est un roman d'apprentissage, un point c'est tout, mais un roman d'apprentissage vachement sympa (c'est toujours mieux avec des licornes et des fantômes, de toutes façons). Il s'agit pour le jeune héros de se construire avec - avec ses pairs, avec un nouveau monde, avec l'art de la magie, et surtout avec la connaissance de son passé trouble et troublé - et contre son antithèse, son ennemi juré, le fameux Voldemort. En articulant ces éléments extérieurs qui, tous, ont à voir avec une part de lui, Harry Potter saura devenir lui-même.

Par ailleurs, la mort colle perpétuellement aux frusques de Potter : en arrière avec la mort brutale de ses parents et devant avec sa propre mort qui ne cesse de le frôler. Voldemort lui-même est le non-mort toujours encore là - une sorte de présence envahissante de ce qu'on ne peut expliquer, de ce qu'on redoute et ne peut éviter comme le vampire l'incarne si bien dans la littérature fantastique. Alors évidemment, cette réflexion identitaire empreinte du souci de notre finitude a été explorée en long, en large et en travers dans toute la littérature mais il faut tout de même noter l'originalité de J.K.Rowling de la brosser dégagée de toute métaphysique. Des créatures imaginaires, on en a à foison mais de Dieu ou de dieux, il n'est pas question, du moins dans ce premier volume. C'est tout juste si les centaures lisent l'avenir dans les astres mais ici encore, c'est factuel. Nulle présence transcendante pour soutenir la quête de soi : l'être doit se débrouiller seul avec lui-même. Ce pourrait-être l'expression la plus contemporaine de ce roman de Rowling.

Quid de la suite ? Et bien j'ai passé tout le premier tome à me dire que c'était bien agréable mais pas fabuleux non plus, que je serai bien contente de passer à autre chose à la fin. Évidemment, que nenni : je me suis fait prendre comme tout le monde et j'ai enchaîné directement avec le tome 2. Tralala.
La suite au prochain numéro, donc !

 

challenge-des-100-livres-chez-bianca.jpgChallenge des 100 livres à lire chez Bianca

23ème participation

 

 

 

 

 

Challenge a year in England.jpgChallenge A Year in England chez Titine

6ème participation