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16/09/2013

La marche du cavalier de Geneviève Brisac

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La marche du cavalier de Geneviève Brisac, ed. de l'Olivier, 2002, 136p.

 


Voilà plusieurs mois que je suis inscrite au challenge Lire avec Geneviève Brisac d'Anis et je n'avais toujours pas lu l'ouvrage qui l'avait inspiré. Je faisais la mauvaise élève à ne chroniquer quasi que des livres de Virginia Woolf et il était temps que je rattrape mon retard. Justement, je le trouvai sur la table des nouveautés de ma bibliothèque la veille de partir en vacances : Bingo ! Une lecture parfaite, me dis-je, pour faire contre-point avec les autres livres déjà dans la valise. C'est donc dans la décontraction et la disponibilité d'esprit la plus totale que j'ai bu ce petit essai sous le soleil breton...

...Et j'avoue, un poil embêtée, que si je ne l'avais pas lu dans le cadre d'un challenge, je ne le chroniquerais probablement pas ici. Je ressors globalement déçue de cette rencontre avec Geneviève Brisac à plusieurs niveaux (mais il s'agit d'un essai, aussi sa plume de romancière est sans doute différente?). Il faut avouer tout de go un point crucial pour comprendre ma déception et il posera ainsi le fait que mon billet est subjectif de bout en bout : Je n'ai pas l'âme féministe en général, et en littérature en particulier. Un écrivain est un écrivain. Après ma lecture, je pense pouvoir dire que cela m'a fait défaut pour l'apprécier voire pour y adhérer. J'ai eu beaucoup de mal avec la posture de départ qui a consisté à prendre en grippe une réflexion de Nabokov à l'égard de Jane Austen, qu'il jugeait visiblement avec une certaine condescendance, et à s'offusquer qu'il préfère travailler sur Stevenson. Bon. Ça arrive hein, et ça s'appelle une question de goût. Il ne faut pas se monter le bourrichon pour autant. Et d'ailleurs, je vais faire un coming-out : moi aussi, je ne goûte pas à Jane Austen et préfère l'Île au trésor. Ceci étant donc lu et pensé, je me suis dit que la lecture allait être compliquée, étant donné que l'introduction m'avait un poil désappointée. Même si la réflexion de Nabokov était effectivement limite - et limitée -, à quoi bon jouer des mêmes armes pour faire une réflexion tout aussi insipide à l'égard des romans d'aventure ? Oeil pour oeil, dent pour dent ? Bof.

Cela étant dit, j'ai poursuivi ma lecture et ça n'a pas été d'un plus grand intérêt pour moi. Ce qui m'a le plus intéressée, au final, sont les citations d'autres auteurs qui, pour le coup, me donnerait plus envie de creuser cette question de la création. J'ai tout de même découvert quelques écrivains qu'il me tarde de lire (la plupart sont déjà dans ma PAL d'ailleurs) mais là encore, je n'ai pas trouvé l'écriture de Geneviève Brisac d'une très grande profondeur. Je m'attendais peut-être trop à une analyse, à quelque chose de plus consistant. Disons que le livre m'a fait l'effet d'une lecture agréable pour celles et ceux qui se sentent déjà concernés par le propos de l'auteur et qui souhaite le survoler comme un premier abord à la question. Moi qui n'étais pas ralliée à sa cause, il ne m'a pas convaincue et je l'ai trouvé superficiel, un peu facile, sans grand intérêt.

Une lecture plutôt négative donc mais, je le répète, surtout très subjective et qui n'a en rien la prétention de critiquer (au vrai sens du terme) le livre que voilà.

 

Challenge-Genevieve-Brisac-2013.jpgChallenge Lire avec Geneviève Brisac chez Anis

5eme lecture

12/09/2013

Le Violon noir de Maxence Fermine

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Le Violon noir de Maxence Fermine, ed. Arléa, 2001, 129p.

 

La jeunesse de Johannes Karelski commence comme celle de Mozart. Jeune prodige de la musique, il tombe amoureux du violon et se produit dans toutes les cours d'Europe. Son rêve est d'écrire un opéra qu'il veut grandiose. Que le violon parvienne à exprimer la musique céleste. Mais l'Histoire contrarie ses plans et le voilà appeler à grossir les rangs de l'armée napoléonienne contre l'Italie. Ses camarades soldats dénigrent sa musique : il ne s'agit pas d'être ému la veille de combattre. Un matin, Johannes retrouve son violon détruit au pied de sa couche. Après plusieurs semaines de campagne, il est laissé en garnison à Venise et est hébergé par le meilleur luthier de la ville. Ce dernier a créé un mystérieux violon noir aux pouvoirs puissants. En jouer, c'est tomber amoureux et se briser le cœur en même temps. Johannes confie à Erasmus son rêve d'une femme en noir dont il est épris. Elle lui inspire l'écriture de son opéra mais il s'efface au fur et à mesure qu'il le compose. Erasmus prend alors le relai du récit et lui raconte l'histoire du violon noir, lui aussi lié à cette femme.

J'ai découvert Maxence Fermine il y a un an et demi avec son premier récit, Neige dont j'avais apprécié l'écriture et la thématique. Dans Le violon noir, j'ai retrouvé cette même poésie et une destinée initiatique. Il s'agit plutôt d'un conte que d'un roman. Les chapitres sont très courts et le style embarque par des formulations délicates, aériennes. Il me fait l'effet de petites perles brillantes. Nulle place pour la description ou les péripéties d'une vie entière. Il s'agit plutôt de retranscrire une vie étonnante avec une poésie simple et lumineuse. Les vies croisées de Karelski, musicien virtuose embarqué malgré lui dans l'Histoire, et d'Erasmus, luthier également virtuose sont émouvantes. Tous deux sont animés par cet amour inconditionnel du violon qui se matérialise sous les traits d'une femme à la voix d'or. Le violon inspire un amour tellement divin qu'il semble inatteignable, si ce n'est dans la perte.

Le violon noir est une ode à la musique et aux passions artistiques. Un très beau conte qui ravira ceux qui ont gardé une âme de rêveur et qui donne envie de réécouter un bon concerto pour violon.

 

challenge-des-notes-et-des-mots-4.jpgGrâce à cette lecture, je participe pour la première fois au challenge Des notes et des mots chez Anne !

 

 

 

 

 

 

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Le violoniste joyeux de Gerrit van Honthorst (1592-1656)

09/09/2013

Ourse bleue de Virginia Pésémapéo Bordeleau

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Ourse bleue de Virginia Pésémapéo Bordeleau, ed. Pleine Lune, 2007 / Litté, 2008, 195p.

 

Victoria est une poétesse métisse d'origine cree. Elle entame un voyage initiatique avec son mari Daniel vers la baie James, terre de ses ancêtres amérindiens. Peu à peu, à l'envie de retrouver les lieux et des membres éloignés de sa famille, se développe une quête chamanique mystérieuse qui apparaît à Victoria dans ses rêves. Elle apprend grâce à ces rencontres diverses la destinée de son grand-oncle George. Trappeur, il est parti jadis pour chasser et n'est jamais revenu. Le doute subsiste sur les causes et l'emplacement de sa mort. Seuls deux os ont été retrouvés loin de son territoire de chasse. Les rêves intiment à Victoria de le retrouver pour lui permettre de trouver la paix de l'âme.

Ce beau roman sincère se construit en deux parties. La première est centrée sur le voyage physique de Victoria et Daniel dans le Québec cree. Aux chapitres qui suivent leur progression et leurs échanges avec de lointains cousins et un vieux sage au totem du corbeau, s'alternent des séquences souvenirs de l'enfance de Victoria. Le lecteur plonge dans le quotidien difficile marqué par l'alcool et la précarité violente des familles métisses. Plusieurs membres de la famille de Victoria sont soumis aux ravages de la boisson et ce triste atavisme se transmet de générations en générations. La quête identitaire de la protagoniste semble trouver ses sources dans l'histoire personnelle comme dans l'histoire collective tant son passé familial est celui du peuple cree. Il s'agit de se retrouver pour continuer à vivre sans s'autodétruire.

Tandis que Victoria est appelée sur la voie de son grand-oncle George, le vieux sage lui fait comprendre qu'il s'agit avant tout d'une quête intérieure qui lui sera compliquée. Dès lors, la deuxième partie est beaucoup plus intime, poignante, resserrée et chamanique. Il sera révélé que Victoria possède un pouvoir de chamane longtemps brimé par sa mère - celui de l'ourse bleue, parfait syncrétisme des croyances spirituelles crees et blanches. Lorsqu'elle aura cheminé sur les parois escarpées des sentiments douloureux, il sera permis à Victoria de ressentir la compassion et d'ouvrir son esprit à une plus grande vision.

J'ai beaucoup aimé la lecture de ce court roman au style direct, simple et surtout très touchant. Qui va en somme droit au but avec une désarmante sobriété. Virginia Pésémapéo Bordeleau actualise les croyances et les récits de ses ancêtres crees. L'histoire du grand-oncle disparu lors d'une chasse, probablement dévoré par les loups, était déja présente dans Le Chemin des âmes de Boyden. De même le problème des windigos par temps de famine. Ce roman est un cri de survivance amérindienne au coeur de la modernité. Il y ait question de l'apprentissage d'une profonde humanité et d'unifier ses racines enfouies. Je vous le conseille vivement !

 

 "Ma fille, le chemin vers ta réalité, celle que tu as entrevue ce matin, ce chemin sera difficile. Tu as déjà beaucoup souffert, apprends à accueillir cette souffrance. Libère-toi d'elle ; ce faisant, elle te rendra de plus en plus forte. Tu portes en toi ta famille mais aussi deux peuples : le rouge et le blanc. Quoi que tu en penses, ton côté blanc est aussi dévasté que ton côté rouge. Tu dois guérir ces deux parties de toi-même et les réunir. En opposition, elles t'affaiblissent. Unies, tu seras comme le roc face à toutes les tempêtes."

 

Vous trouverez ci-après un lien vers un extrait lu par la poétesse Sylvie-Anne Sioui-Trudel (ahhh l'accent québécois^^) et une vidéo où l'auteur explique en quelques mots le propos de son roman.

 

http://www.nativelynx.qc.ca/fr/litterature/bordeleau.html

 

 

Challenge améridiens.jpgChallenge Amérindiens

7eme lecture

 

 

 

Quebec-en-septembre-2013--3.jpgQuébec en septembre chez Karine :)

2eme lecture